Changement climatique et effet de serre : de quoi parte-t-on vraiment ? Rencontre avec la doctorante de l’ULB Sarah Wauthy

Nous avons le privilège de nous entretenir avec Sarah Wauthy, une doctorante en glaciologie passionnée à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Avec plus de cinq ans d’expérience dans son domaine, Sarah nous plonge dans les profondeurs fascinantes de l’Antarctique, un continent au cœur des préoccupations climatiques actuelles. Dans cette 1ère partie de notre conversation, elle démystifie les concepts d’effet de serre et de dérèglement climatique.

Bruxelles-J : Bonjour Sarah, tu es actuellement doctorante à l’ULB. Peux-tu te présenter ?

Sarah Wauthy : Bien sûr. Je m’appelle Sarah. Doctorante en glaciologie à l’ULB, je réalise une thèse de doctorat depuis un peu plus de 5 ans. Je travaille sur l’Antarctique, en particulier sur les conséquences du réchauffement climatique sur ce continent.

On entend souvent parler de l’effet de serre, est-ce que tu pourrais nous rappeler les bases concernant ce sujet ?

Pour l’effet de serre, si on le compare à une serre de jardin, les rayons du soleil chauffent l’air à l’intérieur de la serre, augmentant ainsi la température. La raison pour laquelle il fait chaud dans la serre, c’est parce que le soleil passe à travers les vitres, mais la chaleur ne peut pas en ressortir facilement. Sur Terre, l’atmosphère contient des gaz qui interagissent un peu de la même façon avec les rayons solaires, ce qui entraîne un réchauffement de l’atmosphère. La température moyenne de la Terre est d’environ 15°C grâce à l’effet de serre naturel. Sans celui-ci il ferait -18°C sur Terre. C’est vraiment un processus naturel qui permet à la terre d’être viable et habitable. Mais nos émissions de gaz modifient et amplifient cet effet de serre naturel.

En augmentant la concentration de ces gaz-là dans notre atmosphère, nous augmentons aussi cet effet-là. Par conséquent, le réchauffement climatique se manifeste par une augmentation de la température liée à cette augmentation de concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Si je comprends bien, l’effet de serre est à l’origine un phénomène naturel essentiel à la viabilité de notre planète. Cependant, l’activité humaine intensifie cet effet de serre en produisant excessivement des gaz à effet de serre, c’est bien ça ?

Oui, c’est bien ça.  En émettant de plus en plus de gaz à effet de serre, nous augmentons davantage la température de notre atmosphère puisqu’il y a de plus en plus de molécules de gaz qui provoquent cet effet de serre. L’élévation de la température sur Terre est directement liée à nos émissions de gaz à effet de serre.

Existe-il d’autres causes au changement climatique ?

Le phénomène de réchauffement climatique actuellement observé a vraiment pu être scientifiquement relié à l’augmentation des gaz à effet de serre. Des variations naturelles existent, mais les concentrations actuelles de gaz à effet de serre sont sans précédent sur les 800 000 dernières années.

Ceci a pu être démontré grâce aux mesures dans les carottes de glace. On a pu mesurer les concentrations de ces gaz à effet de serre au cours de ces 800 000 ans. Nous avons pu noter qu’il y avait des variations naturelles sur des périodes de 100 000 ans. Mais actuellement, nous observons que les variations et le niveau de concentration de gaz sont d’une rapidité jamais observée, en tout cas sur les 800 000 dernières années.

On peut clairement voir depuis le démarrage des activités industrielles humaines que les concentrations des gaz à effet de serre dans notre atmosphère ont augmenté à une vitesse et à un taux qui ne laisse aucun doute sur le fait que ça soit lié à nos activités humaines.

Comment peut-on être certain que l’homme est la cause principale du réchauffement climatique ?

Premièrement, il existe un consensus scientifique : plus de 95% des études scientifiques affirment que les activités humaines sont responsables du réchauffement climatique observé.

En plus de ça, on a des enregistrements des concentrations de CO2 passées. On observe que jamais les taux de concentrations de CO2 n’ont été aussi élevé qu’aujourd’hui, ou en tout cas sur au moins les 800 000 dernières années. On a aussi la preuve que les températures augmentent parallèlement aux taux de concentrations de CO2.

L’augmentation des gaz à effet de serre sont la cause du réchauffement, quelles en sont les conséquences ?

La première conséquence de dérèglement climatique est observable de tous : l’augmentation de la température globale au niveau mondiale. Cette augmentation de température n’ a pas lieu de la même manière partout. Par exemple, on sait que l’ Arctique et son océan se réchauffent beaucoup plus vite que le reste du monde.

En parallèle à l’augmentation des températures, on peut aussi observer une hausse du niveau marin. Celle-ci est une conséquence importante du réchauffement climatique. Actuellement, la hausse du niveau marin est principalement due à l’expansion thermique (c’est-à-dire que l’eau chaude prend plus de place que l’eau plus froide) et à la fonte des glaciers. À ce phénomène, viendra s’ajouter la fonte du Groenland et de l’Antarctique qui contribuera aussi à cette hausse du niveau marin. De plus, on sait que plus la température sera élevée, plus le changement climatique sera important, plus ces 2 énormes masses de glace vont fondre et contribuer à la hausse du niveau marin.

Une autre grande conséquence du changement climatique, ce sont les événements extrêmes. Les événements extrêmes c’est aussi bien les sécheresses que les inondations. On sait que leur fréquence et leur intensité vont augmenter. Cela signifie qu’il y aura de plus en plus de catastrophes naturelles, de plus en plus souvent et avec de plus en plus d’intensité comme ce fût le cas en Belgique avec les inondations durant l’été 2021.

On entend également des personnes niées l’existence d’un changement climatique. Que répondre au climato-sceptique face à leur refus de voir la réalité ?

Répondre à cette question est extrêmement difficile. Personnellement, il m’arrive de penser que les climato-sceptiques, bien que minoritaires, demande une quantité considérable de temps et d’énergie pour être contredits. Cela illustre bien la loi de Brandolini, qui dit qu’il est bien plus rapide de créer une fausse information que de réfuter scientifiquement celle-ci. Je préfère donc consacrer mon temps à répondre aux personnes curieuses et désireuses de comprendre, plutôt qu’aux climato-sceptiques.

Mais que leur répondre de façon générale ? Informez-vous ! On a parlé du consensus scientifique. 95% des études scientifiques sont d’accord pour dire qu’il y a un réchauffement climatique. Ça n’amuse personne d’inventer ce genre d’informations. Donc informez-vous auprès des bonnes sources et garder l’esprit ouvert.

Visionne cette vidéo en savoir plus sur le travail de Sarah.

ULB TV PITCH – Sarah Wauthy: la calotte de glace de l’Antarctique

Découvre la 2ème partie “La fonte des glaces, pourquoi ça nous concerne?” et la 3ème partie “Agir pour le climat : que pouvons-nous faire concrètement ?
Retrouve l’intégralité de l’interview de Sarah dans notre playlist YouTube.

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