Que faire si je suis témoin de harcèlement scolaire ?

Dans les autres fiches, on t’a parlé du harceleur et de la victime du harcèlement. Mais pour qu’une situation de harcèlement scolaire puisse exister, il faut généralement la présence d’une troisième catégorie de personne : les témoins. Que faire si tu es témoin de harcèlement scolaire?

Qui est le témoin du harcèlement scolaire?

Ces témoins peuvent être de trois sortes différentes :

  • Les témoins passifs: ils ne participent pas directement aux actes et/ou propos négatifs mais ne s’y opposent pas non plus. Généralement, ce sont des témoins qui font semblant d’ignorer ce qu’il se passe.
  • Les témoins actifs: ils encouragent et renforcent le comportement de la personne qui harcèle (par des rires, des commentaires, un attroupement, des clins d’œil, etc.). Par exemple, en prenant directement sa défense, en faisant appel à un adulte, etc..

Le problème c’est qu’en n’agissant pas pour soutenir la victime, les témoins participent parfois sans le vouloir à la dynamique de harcèlement. En effet, c’est ce que l’expression « qui ne dit mot consent » veut dire : si on ne dit rien pour s’opposer à une situation qui nous embête, le message qu’on envoie aux autres c’est qu’on est d’accord avec cette situation. C’est pareil si on rigole de la victime de harcèlement. Les personnes qui harcèlent se sentent alors encouragées à continuer et la victime devient convaincue que tout le monde est d’accord avec la situation et que personne ne va l’aider.

Tu l’as toutefois compris, il existe une dernière catégorie de témoins :

  • Les témoins agissants: ils agissent d’une manière ou d’une autre pour aider et protéger la victime.

Les témoins du harcèlement sont donc essentiels pour mettre fin à la situation : en adoptant un comportement de témoin agissant, non seulement ils aident directement la victime mais en plus ils font comprendre à la personne qui harcèle qu’ils ne sont pas d’accord avec son comportement. Or si, celle-ci comprend que son comportement n’est plus encouragé ni accepté par certains des témoins, elle n’a plus d’intérêt à se comporter de cette manière et il y a beaucoup de chance qu’elle arrête de s’en prendre à la victime.

Je suis témoin de harcèlement scolaire, qu’est-ce que je peux faire pour devenir un témoin agissant ?

Il n’est jamais trop tard pour faire bouger la situation et devenir témoin agissant. Cette position est parfois difficile à prendre et demande du courage et de la réflexion. Heureusement, plusieurs solutions existent pour aider une personne que tu penses être victime de harcèlement scolaire. En effet, être témoin agissant ne signifie pas automatiquement faire face à la personne harceleuse tout seul mais il existe plusieurs autres manières de faire changer la situation ou d’aider la victime :

  • La première étape est de réaliser que la situation n’est pas drôle pour la victime. Tu peux donc dans un premier temps arrêter de te moquer et de rire. Ensuite, tu peux essayer d’amener les autres à comprendre la situation et à changer, eux aussi, de comportement.
  • Pour aider la victime, tu peux chercher parmi les adultes qui vous entourent, une personne de confiance que tu pourrais alerter de la situation. Il ne s’agit pas de dénoncer ou de balancer les noms des personnes qui harcèlent mais plutôt de signaler à cet adulte que tu as remarqué qu’un élève ne se sent pas bien, qu’il a peut-être besoin d’aide. Cela permet à l’adulte d’être plus attentif à la situation qu’il n’avait pas forcément remarquée. La situation peut paraître très visible pour toi et les personnes de ta classe,et ne pas l’être du tout pour les adultes qui vous entourent. Le harcèlement se produit souvent à l’abri des regards pour éviter les sanctions. Donc, témoigner d’une situation qui fait du mal à quelqu’un, ce n’est pas balancer. Ton action permettra de protéger et d’aider quelqu’un qui souffre!
  • Si tu te sens assez à l’aise, tu peux aussi directement soutenir la victime la prochaine fois qu’elle se fera embêter. Souvent, il suffit qu’un témoin réagisse pour que d’autres le suivent et soutiennent ouvertement la victime. Si tu as envie d’intervenir mais que ça te fait peur, tu peux aussi en parler avec des amis pour que la prochaine fois, vous soyez plusieurs à réagir. Une autre solution est d’aller directement chercher un adulte de confiance la prochaine fois que tu vois la victime se faire harceler.
  • Tu peux aussi envisager d’aller parler en privé à la personne qui harcèle pour lui faire savoir que son comportement te pose problème et/ou réfléchir avec lui/elle à une autre manière de réagir.
  • Si tu as envie soutenir la victime mais que tu n’as pas envie d’intervenir directement auprès de l’auteur/autrice ou devant le groupe, tu peux passer du temps avec la victime :
    – Aller lui parler, la consoler,
    – Lui proposer des preuves du harcèlement,
    – L’encourager à aller parler à un adulte de confiance,
    – Lui proposer de l’accompagner dans ses démarches si elle le souhaite.

Pour trouver plus de conseils à donner à la victime, tu peux aussi aller voir la  fiche  à ce sujet.

Attention, quoique tu fasses, assure-toi de toujours respecter les décisions de la victime et de ne pas la culpabiliser ni de la juger. La situation est certainement difficile à vivre pour elle, donc il faut avancer à son rythme.

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4 questions déjà posées

  1. Amandine
    15 avril 2024

    Pourquoi les témoins passifs ne s’opposent pas à l’harceleur ? Serait-ce par peur d’être à leur tour harcelé ?

     

    Répondre
    1. Infor Jeunes Bruxelles (informateur certifié)
      18 avril 2024

      Bonjour Amandine,

      Il y a plusieurs raisons pour lesquels les témoins n’osent pas toujours s’opposer directement aux harceleurs ou intervenir. L’une d’entre elle peut effectivement être la peur des représailles. L’objectif des témoins comme des harceleurs, c’est souvent de s’intégrer, de faire partie du groupe.

      Si les témoins ont du mal à intervenir, c’est aussi parfois parce que les intimidateurs sont en général plus insérés au sein du groupe. Ils peuvent avoir peur de perdre leur place et donc de se retrouver dans une position similaire à la victime.

      Le fait qu’ils ne réagissent pas peut aussi s’expliquer parce qu’ils se délèguent cette responsabilité les uns envers les autres. En psychologie, on appelle ça la diffusion de responsabilité : plus il y a de témoins, moins ils interviennent.

      Comme le harcèlement entre jeunes est avant tout une dynamique de groupe, ils peuvent aussi être pris dedans et simplement se conformer à la « norme » du groupe. Se moquer et/ou ne pas réagir devient la norme du groupe et les comportements des harceleurs sont ainsi banalisés et normalisés. Pour ce faire, les jeunes témoins se détachent de qu’ils voient par des justifications parfois inconscientes. Par exemple : “c’était juste pour rire” ou “il est trop sensible”. En psychologie, c’est ce qu’on appelle « le désengagement moral ».

      N’hésite pas si tu as d’autres questions

      Répondre
  2. Vivi ****
    24 mars 2024

    Je suis témoin d un harcèlement que dois-je faire  sur une petite de 7ans

    Répondre
    1. Infor Jeunes Bruxelles (informateur certifié)
      25 mars 2024

      Bonjour Vivi,

      Afin de pouvoir plus amplement échanger sur la situation qui vous préoccupe et pouvoir vous proposer une prise en charge et/ou des conseils les plus adaptés possible, une travailleuse de notre service de lutte contre le harcèlement scolaire va directement se mettre en contact avec vous par mail ou par téléphone.

      Belle journée,

      L’équipe d’Infor Jeunes Bruxelles

      Répondre